La joyeuse entrée dans l’Avent Des paroissiens rassemblés pour les 90 ans du père Jean Raffegeau

Il nous l’a rappelé plusieurs fois : « Je suis né le 1er décembre 1935 à Maure de Bretagne, c’est demain seulement que j’aurai 90 ans ». Basta ! Le père Jean Raffegeau était si heureux – et nous aussi – de fêter son anniversaire en entrant dans l’Avent que ce petit décalage sera vite oublié. L’église de La Machine était pleine pour cette « Aube nouvelle » célébrée par le chant d’entrée, et le père Jean Bosco manifestement ravi de fêter « notre cher patriarche », « merveille pour nous », « toujours dans la vigueur de son âge » en dépit des chiffres. En réponse, le père Jean a parlé d’amour, d’amitié, de fraternité : « ce qui compte dans la vie ». Le ton était donné.

Curé in solidum et modérateur de la paroisse, le père Jean Bosco Akogo avait à ses côtés pour célébrer la messe le père Guy-Richard Konu, curé in solidum avec lui depuis septembre dernier, ainsi que le père François Montagnon, venu de Nevers pour s’associer à la joie générale. En ce premier dimanche de l’année A, où nous retrouvons l’évangile selon saint Matthieu, les textes sont un appel vibrant à sortir du sommeil pour nous mettre en marche vers la maison du Seigneur. Des objurgations de saint Paul à l’étonnante comparaison faite par Jésus devant ses disciples entre les « jours de Noé » et la venue du Fils de l’homme, il y avait du grain à moudre. Dans son homélie le père Jean rappela d’abord que l’Avent (« adventus » = l’avènement) est en fait… au nombre de trois : il y a l’avènement dans l’humilité de la chair, c’est Noël ; l’avènement dans la gloire du retour du Seigneur, attendu dans l’espérance ; et l’avènement de Jésus dans le secret des cœurs, « en ce temps intermédiaire où nous cheminons dans la foi, l’espérance et la charité ».

Le père Jean choisit alors de nous entraîner dans ce troisième avènement, avec une méditation sur « la routine » qui guette et la bonne manière de sortir du sommeil. Au temps de Noé aussi, il y avait le train-train. Mais Noé sut se dégager de cette routine : il « entra dans l’arche ». Il y eut le déluge ; il y aura la venue du Fils de l’homme. Mais alors, ces deux hommes aux champs, dont l’un sera pris et l’autre laissé, ces deux femmes au moulin, dont l’une sera prise et l’autre laissée, qu’est-ce que cela veut dire ? Que « dans les mêmes tâches, les uns dorment et les autres vivent » ; « les uns ne sont prêts à rien, les autres sont prêts à la vigilance – une vigilance de bonne qualité, pas l’angoisse qui paralyse » ; les uns ne songent qu’à « utiliser à fond [leur] vie » ; « mais où est l’amour dans tout cela ? Le service fraternel, la hantise missionnaire, la prière ? La venue du Christ dans notre vie ? ».

La chanson de la routine a un refrain : « Je n’ai pas le temps ». La vigilance chrétienne, elle, change les choses de l’intérieur, leur donne un sens, une épaisseur, elle fait de toute la vie la participation à l’édification du royaume de Dieu. « Les vigilants s’enracinent déjà dans l’éternel ; les autres risquent d’être balayés », précise le père Jean. Comment trouver l’antidote au mauvais choix ? « L’anti-routine, c’est prendre le temps de réfléchir. Ne pas regarder seulement la montre, l’agenda… Le chrétien qui se tient prêt est dans l’éveil, prêt à l’inattendu, y compris à la dernière heure ». L’homélie s’achève dans un clin d’oeil, mais le regard est sérieux : « Ne pas être surpris, même à 90 ans… surtout à 90 ans ! ».

On ne s’étendra pas ici sur les remerciements émouvants du père Jean Bosco, soigneusement exprimés à tous et à chacun à l’issue de la messe : on aurait trop peur d’en oublier.

 

Il fut rappelé aussi que, pour réunir dans la joie « les paroissiens qui portent leur pasteur dans leur cœur », les obstacles pratiques n’auront pas manqué : salles peu libres, dépassement du nombre des inscriptions prévues faisant craindre de ne pouvoir accueillir tout le monde à la salle Saint Joseph de La Machine – seule disponible et donc finalement élue, etc.  Mais tout est bien qui finit bien. Une centaine de personnes ont pu se retrouver autour d’un pot-au-feu géant (arrivé chaud – et bon ! – dans les assiettes au terme d’une odyssée dont Philippe Coignac nous fit le récit héroï-comique), sur de jolies tables décorées notamment par deux jeunes, Sarah et Maÿlis, qui ont pris ensuite leur part du service. Le charcutier de Cercy-la-Tour mérite une étoile ! Parmi la belle brochette de bénévoles qui ont fait de cette fête d’anniversaire une réussite, n’oublions pas Catherine et Philippe de Brem, Hélène et Pierre Jourdier, la commission des fêtes de la paroisse (Jacqueline, Daniel Plessy, Louis, Guy ), toute l’équipe de La Machine (Odile, Monique, Brigitte), évidemment l’association Notre-Dame du Nivernais, et ceux qui ont œuvré pour les inscriptions dans les pôles…

A 90 ans, il est peu courant d’avoir auprès de soi, pour fêter l’événement, un frère aîné lui aussi plein de vigueur. André – « né le 29 mai 1934, j’ai donc quatre-vingt-onze ans et demi » – n’a pas manqué de verve, et ses (grands) enfants Laurent et Stéphanie, venus de la région parisienne, ont su aussi participer à la bonne humeur générale.

Le père Jean Bosco remit au père Jean, au nom des paroissiens, l’enveloppe mystérieuse qui signifiait : « Nous vous aimons ».  Bien sûr, il y eut les bougies soufflées (dans l’abondance des gâteaux !).

Un moment particulièrement touchant fut la lecture de la lettre de Bernadette Bodelin, trop fatiguée pour se joindre à nous mais à la plume toujours alerte, et dont l’hommage à l’activité restée débordante de notre père Jean (« Fatigué, vous ? Jamais ! ») a su exprimer avec humour et justesse ce que nous ressentions tous.

Il y eut des chants traditionnels ; il y eut un ban bourguignon pour conclure les agapes et le salut au « patriarche ». Entretemps ledit patriarche avait une nouvelle fois  évoqué son parcours sacerdotal, depuis le premier appel à l’âge de 8 ans…

https://p-stjsn.com/2023/12/28/les-60-ans-de-sacerdoce-du-pere-raffegeau/

Et il avait eu le temps d’être félicité aussi par le père James (James-Charles Santhiyagu), venu de Prémery nous rejoindre au cours du déjeuner.

Il y aurait tant à dire encore ! Il faut finir. Mais tout commence : le temps de l’Avent, où notre joie demeure ; une nouvelle décennie pour notre infatigable pasteur ; et toute une vie de « vigilance chrétienne », si nous avons des oreilles pour entendre.

Marie-Joëlle Guillaume