LES 60 ANS DE SACERDOCE DU PERE RAFFEGEAU

Le 23 décembre 2023, à 16h00, en l’église Saint Pierre de Cercy-la-Tour, le P. Jean Raffegeau célébrait la messe de son Jubilé de diamant, avec la paroisse Saint-Jean en Sud-Nivernais joyeusement réunie. Il avait choisi lui-même les textes et les chants de la célébration. Et du chant d’entrée, Si le Père vous appelle, au chant de sortie, Tu es le Dieu des grands espaces, l’élan évangélisateur de notre cher pasteur était palpable.

Comment s’en étonner puisque le fil conducteur de toute sa vie sacerdotale – les lectures de l’Evangile de saint Jean en a donné le témoignage – fut la réponse fervente à ce commandement de Dieu qui aime le premier : « Aimez-vous comme je vous ai aimés » ?

« 60 ans de sacerdoce sur 88 ans de vie ! Qui l’eut cru ? ». Eh oui ! Il y a 60 ans jour pour jour, le 23 décembre 1963, Mgr Michel Vial, évêque de Nevers, ordonnait prêtre dans sa paroisse d’origine, en l’église Saint Pierre de Maure de Bretagne, un jeune homme de 28 ans qui répondait de tout son cœur à l’appel du Dieu Amour « à vivre ensemble ». Une aventure, un beau voyage, commencé tôt et portant loin. Sur le ton de la confidence, dans un mélange d’assurance et de douceur, le Père consacre son homélie au récit de ce compagnonnage d’une merveilleuse longévité.

De son enfance bretonne dans une famille d’agriculteurs, le Père Jean, cinquième de sept enfants (quatre garçons et trois filles) garde le souvenir d’une atmosphère profondément chrétienne, avec un père qu’il voyait prier à genoux au pied de son lit. A son entrée au petit séminaire, il se rappelle les larmes de sa mère, douleur et joie mêlées. Il se souvient aussi de ces deux livres consacrés à la mission (France, pays de mission ? et Problèmes missionnaires de la France rurale) qui le marquent à tout jamais vers l’âge de 17-18 ans. Après six ans d’études de philosophie et de théologie à Angers, puis 27 mois de service militaire en Algérie où le désert rayonne de la ‘’fraternité universelle’’ de Charles de Foucauld, le Père Raffegeau sait que le désir de voyages et de découverte du monde est désormais inséparable de sa vocation à l’amour.

L’ordination sacerdotale, le 23 décembre 1963, a lieu en plein concile Vatican II. « Il fallait que l’évêque de Nevers m’accepte. Il m’a ouvert les bras, tout en me laissant terminer mes études ». Puis la vie ministérielle commence. Nevers ; Tours ; Cosne-sur-Loire ; Saint-Amand-en Puisaye, puis Clamecy, Imphy, La Charité-sur-Loire; enfin le Morvan, à Lormes, à Corbigny. Notre voyageur aura arpenté la Nièvre en tous sens.

Arrive la retraite. A la demande de son évêque, le Père Raffegeau vient habiter à Cercy-la-Tour. Cela fait treize ans qu’il y exerce sa mission. Dans son itinéraire sacerdotal, il aura connu six évêques, tous différents d’origine et de tempéraments, des religieuses, des diacres, des laïcs. Il aime évoquer ses responsabilités dans l’œcuménisme au sein du diocèse, la formation des laïcs dans le SPLEN, ses dix ans d’aumônerie diocésaine du Secours catholique… « Une belle expérience de vie ».

L’assemblée a écouté avec attention le récit heureux de cette expérience. Elle entend avec émotion la prière finale, dont on cite ici quelques phrases prises au vol : « Seigneur, j’aborde la dernière étape de ma vie. Je ne sais pas ce qu’elle sera. […] Mais d’abord te dire merci pour m’avoir accepté soixante ans […]. Tant de personnes mises sur ma route… Merci pour ton espérance qui me dit combien tu m’aimes. Donne-moi la force de poursuivre la construction de ton royaume. […] Selon le poète, un homme n’est vieux que lorsque les regrets ont pris chez lui la place des rêves. Donne-moi de rêver, aimer la vie […]. Béni sois-tu, mon Seigneur et mon Dieu. Je te remets ma vie ».

 

C’est bien au souffle de l’Esprit que s’est poursuivie la liturgie, à l’issue de laquelle trois témoignages, ceux de Bernadette Petit, Bernadette Bodelin et Marie-Thérèse Baillon, ont fait ressortir la sérénité, la jovialité et le côté bon vivant du Père Jean, mais aussi sa connaissance pointue de la Bible, son intérêt inépuisable pour l’enseignement des enfants, et cette citation qui résume tout : « La vocation sacerdotale, c’est le mystère du Seigneur dans le cœur d‘un homme ».

Puis il y eut les cadeaux. L’association Notre-Dame du Nivernais offrit un tableau de la chapelle du château de Meauce, dans la Nièvre, peint par l’artiste Philippe Rollin, et un recueil de photographies de chapelles romanes de l’Allier par le photographe Dominique Boutonnet. La paroisse avait pour sa part recueilli les oboles des fidèles dans la perspective d’un voyage – un de plus ! L’enveloppe fut remise à l’heureux bénéficiaire au cours du chaleureux apéritif dînatoire qui réunit au Moulin Cassier, à l’issue de la célébration, tous les participants à la messe.

 

 

Mais auparavant le mot de la fin avait été dit à l’église, avec enthousiasme et fermeté, par le (jeune) compagnon de sacerdoce du Père Raffegeau, notre curé Jean Bosco Akogo. Trois ans seulement qu’ils se connaissent, mais le Père Jean Bosco voit en son aîné « un don de Dieu » ! Par sa simplicité, son humilité, sa disponibilité aussi, qui le fait rechercher toujours des choses à faire pour être utile. « Il y a un trésor en vous ! Vous n’êtes jamais enfermé dans le passé… Nous remercions Dieu ; et que le Christ, dans sa fidélité, vous accompagne […] ». « A Dieu vat, comme on aime dire en Bretagne », lui répondit son confrère heureux.

Marie-Joëlle Guillaume